Interview de
Michelle Palandre,
conseillère
municipale de Givors,
Alain Pelosato :
Michelle,
bonjour. Voilà bientôt vingt mois que tu as été élue au conseil municipal avec
deux autres colistiers (Jean Marc Bouffard et Virginie Bodard). Tu te souviens sans doute de ta première
réunion du Conseil municipal. Quelle impression en gardes-tu aujourd’hui ?
Michelle Palandre :
J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les
institutions et la République, et me sentir directement impliquée dans un
conseil municipal m’a forcément impressionnée. Nous avions le devoir de
représenter dignement tous nos colistiers, qui étaient d’ailleurs venus nous
soutenir, et surtout de ne pas décevoir nos électeurs. La présence de Georges
avec son expérience et son poids politique m’a rassurée.
A.P. : Michelle, toi qui exerces pour la première fois des fonctions électives, en tant que femme, comment appréhendes-tu ton activité dans ce domaine ?
Michelle Palandre :
J’exerce une profession à caractère commercial depuis 30 ans à Givors, et j’ai toujours mis mes compétences et ma disponibilité au service de mes clients. Ça s’est toujours bien passé et c’est d’ailleurs cette confiance qu’ils m’accordent depuis toutes ces années qui m’a donné envie de m’investir encore plus pour eux. Même si je ne suis pas une féministe pure et dure, le fait d’être une femme ne m’a pas handicapée dans mon métier, je ne me suis pas posé la question en m’engageant sur une liste. La politique, c’est comme le commerce, si tu n’aimes pas les gens, tu ne tiens pas le coup. Homme ou femme, c’est pareil. Je fais mon travail avec le plus de sérieux possible et cette fonction me tient à cœur. De plus, elle me permet de découvrir le réel fonctionnement d’une collectivité. J’apprends beaucoup et je suis sensible à tout ce qui touche les Givordins. Je me sens encore plus proche d’eux et cela m’encourage à me battre pour leurs intérêts. J’aime beaucoup Givors mais je trouve que c’est une ville mal gérée et pas exploitée à sa juste valeur et c’est aussi pour ça que j’ai décidé de m’investir. Je peux te dire aussi que compte tenu de la complexité des dossiers qui nous ont été présentés par la municipalité depuis le début de notre mandat, cela m’aide à avancer très vite.
A.P. : Michelle, tu interviens régulièrement au Conseil municipal. Nous qui sommes spectateurs, constatons que tu le fais avec beaucoup de compétence. A-t-il été difficile de plonger ainsi dans les débats politiques ?
Michelle Palandre :
Non, pas vraiment. D’une part, je ne suis pas seule. Nous sommes une équipe soudée et travaillons beaucoup ensemble (Les quatre élus) mais aussi avec d’autres colistiers qui nous font bénéficier de leurs compétences. Nous nous répartissons les sujets avec Jean-Marc et Virginie, mais je t’avoue que ma passion et ma curiosité m’amènent souvent à essayer de m’intéresser à tout. Et quand un dossier est bien étudié, ça n’est pas difficile de faire valoir ses arguments. Je ne me permettrais pas de soutenir une affaire que je ne connais pas à fond. Je suis à l’écoute de tous. Les Givordins viennent aussi me rencontrer pour me parler de leurs problèmes.
A.P. :
Prenons
quelques dossiers en exemple.
A.P. :
Le
dossier VMC. Voilà des années (plus de 8 ans) que l’usine a fermé et rien n’a
encore été construit sur cet emplacement. Comme la commune a confié à Givors
développement la gestion de la Zone d’Activité concertée (ZAC) qui a été créée
sur ces terrains, le bilan de gestion a été présenté au Conseil municipal. Or il
montre un déficit très important. Et les problèmes rencontrés sont encore loin
d’être réglés… Ce projet a-t-il vraiment un intérêt ?
Michelle Palandre :
VMC est en effet un dossier très important.
Il faut se souvenir que l’activité du site a cessé en 2002. Le dossier de
création de la ZAC « VMC » a été approuvé en 2005. Aujourd’hui, Il
laisse apparaître un déficit de 3 Millions d’€…
Givors Développement a été chargé des travaux
d’aménagement. Et c’est en réalisant les voiries (pour 2 Millions d’€) q’il s’est avéré que le terrain n’était pas stable et
pollué.
Pour permettre la construction des divers
bâtiments prévus sur ce terrain, et pour lesquels des promesses de vente ont
été signées en mars 2008, il a fallu le compacter. Coût 2.6 Millions d’€.
A ce jour, la compacteuse
ayant enfin commencé son œuvre depuis octobre 2009, nous savons que cela
engendre de grosses vibrations et nous craignons pour l’avenir des voiries,
construites sur un terrain instable . D’autre
part, cela ne résout pas le problème de pollution.
Nous espérons que les concessions auto
trouveront leur bonheur, mais nous ne voyons pas comment les 600 emplois promis
par Mr Passi en 2008 pourront être créés.
Nous sommes forts de constater que Givors
développement n’a pas été efficace sur cette affaire. Pour cette société à
économie mixte dont 80% des actions appartiennent à la mairie et dont le maire
est président, nous aurions pu espérer que les opérations soient rondement
menées. Malheureusement, comme pour beaucoup de dossier, là encore tout a été
pris à l’envers.
A.P. : Les problèmes rencontrés sur le centre commercial de Bans où une fois de plus est impliqué Givors développement ?
Michelle Palandre :
Ce dossier est le plus complexe. Tout y est :
Un calendrier des travaux quelque peu folklorique :
- Des travaux qui commencent le 18.09.2006,
avant l’acception de la DOC (Déclaration d’ouverture de chantier) délivrée par
la DDE le 05.02.2007.
- Des actes notariés signés le 01.06.2007
donc un mois seulement avant
l’achèvement des travaux. Ces actes sont : la vente du terrain de la
mairie à la SCI des Lônes, le bail à construction
alors que les travaux sont déjà faits ou presque, et le bail à long terme entre
Givors développement et la SCI des Lônes.
- Pour finir, la réception des travaux est
faite sans aucune réserve et quand le gérant de la SCI des Lônes
engage une procédure judiciaire, l’expert constate des fissures, le manque de
vide sanitaire et j’en passe.
Le certificat de conformité à notre
connaissance n’est toujours pas délivré et cette zone qui devait être
commerciale reste, à part le magasin LIDL, désespérément vide.
A suivre…
A.P. :
La
construction de la Maison des sportifs ?
Michelle Palandre :
Ce projet est estimé à 1.2 Millions d’euros.
Il prévoit la construction d’un étage au dessus de
l’actuelle salle « Guillemot « que les rugbymen connaissent bien. Il est
destiné à accueillir 5 clubs de sport, le rugby, le judo, l’indépendante, le
basket et le foot. Sauf que pour les footballeurs, une salle située loin de
leur terrain, ce n’est pas l’idéal. Alors pour 1.2 Millions d’€, on peut
discuter. Et bien non, la municipalité décide que ce sera comme ça et pas
autrement. Elle daigne accepter de construire un bâtiment près du stade de foot,
mais sans écouter les doléances du président du club qui demande un local sans
prétention mais qui correspond à ses besoins.
J’ai demandé à l’adjoint au sport de
participer à une réunion avec les différents clubs. J’attends son invitation.
Je ne désespère pas. Si on ne peut pas revoir les dispositions de la
construction, peut être peut on participer à
l’organisation intérieure du local.
Ce serait un travail constructif !
A.P. :
Le
projet du Centre technique municipal ?
Michelle Palandre :
J’ai été confrontée en commission à divers élus et acteurs concernés par ce projet. Je n’ai eu aucune réponse à mes questions que je trouvais légitimes puisqu’on me parlait d’un projet de construction d’un centre technique municipal pour un montant de près de 7 Millions d’€ .
Personne n’a su me dire si une étude des
besoins était en cours, alors qu’on la découvrait au conseil municipal une
semaine après. Je trouve qu’il aurait été intéressant et constructif d’en
parler avant.
D’autre part, même si je suis d’accord pour
réunir tous les locaux techniques et que le personnel puisse travailler dans
les meilleures conditions, 7 Millions d’€, c’est énorme. On ne peut pas
accepter de se prononcer sans une étude financière sérieuse. Ce serait de
l’inconscience et un manque de respect pour les contribuables.
Lors du conseil municipal, Mr Passi et ses adjoints n’ont fait aucun effort pour nous
convaincre du sérieux de ce dossier. Un élu s’est même permis d’affirmer que
pour 7 Millions d’€, aujourd’hui, on n’avait plus rien. Mais le prix de
construction au mètre carré nous paraît aberrant, et nous rappelons que nous
n’avons pas à prévoir de foncier puisque le terrain appartient à la mairie. Là
encore, l’élu, un peu tendu par nos questions trop pertinentes sur l’étude financière,
nous laisse entendre qu’elle a été faite. Pourquoi ne pas la présenter à tous
les élus si celle-ci a été réalisée sérieusement ?
De plus, le passé nous a montré que les
enveloppes prévues au départ des projets gonflaient au fil des jours. Souvenons-nous
de la Maison du Rhône par exemple.
Nous avons souvent eu des surprises désagréables, des détails oubliés, un terrain pas stable …
A.P. : Qu’en est-il du
déclin du commerce de centre ville ? Vont-ils
régler le problème avec le FISAC ?
Michelle Palandre :
Les commerçants sont courageux. Ils
travaillent dur et mettent beaucoup d’énergie à donner un peu de vie, notamment
au centre-ville. Malheureusement, les problèmes restent nombreux.
Suite à une étude d’un développeur économique
dont le coût s’élève 104.000 € la commune a mis en place un programme de
redynamisation du commerce de proximité. On en parle depuis 15 ans, et malgré
toutes les tentatives, les difficultés perdurent.
Un certain nombre d’actions pourraient être éligibles au FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce). L’idée est séduisante. Mais nous craignons que le dispositif soit laborieux pour la commune qui prévoit de préempter des locaux commerciaux stratégiques, sachant que les normes à respecter sont strictes, c'est-à-dire avec des délais courts, et le but étant de louer ou vendre à des enseignes apportant un bien être évident pour les Givordins. C’est là que le bât risque de blesser, car nous ne voyons toujours pas de locataire dans le local flambant neuf (plus vraiment flambant neuf d’ailleurs) de la Rue Roger Salengro. De plus cette action sous entend une participation financière importante de l’association des commerçants et des professionnels qui souffrent déjà beaucoup.
L’adaptation et la valorisation de
l’environnement sont importantes pour favoriser l’accès aux commerces et
augmenter le flux de la clientèle.
Mais ce qui me semble urgent et indispensable
pour relancer le commerce, c’est reconsidérer les logements en privilégiant les
accessions à la propriété ou de la location libre afin d’apporter une mixité
sociale plus équilibrée.
Nous notons que la municipalité n’est pas
pressée, puisque deux commerces ont ou vont être libérés et que pour l’un, on
laisse se réinstaller une agence immobilière et pour l’autre, c’est une banque
qui va s’agrandir. Heureusement qu’on devait limiter les services pour laisser
place à des commerces de proximité !
A.P. : Ton groupe a eu l’occasion de s’exprimer également sur les chantiers d’insertion et sur le logement social, avec notamment des projets de construction locatifs aux Vernes dans le Cadre de l’ANRU. Quelle a été sa position ?
Michelle Palandre :
Avec la participation de l’ANRU, (l’agence nationale de la rénovation urbaine) la commune désire reconstruire des immeubles aux Vernes.
Il s’agira d’immeubles à location libre,
sociale et d’accession à la propriété.
La commune prévoit de céder gratuitement le
terrain à l’OPAC et à la Foncière Logement.
Nous avons préféré nous abstenir car nous
n’avons pas assez d’élément sur les modalités de vente des terrains justement.
On ne nous a pas présenté de projets concrets à ce sujet et nous voulons rester
prudents. Nous ne sommes pas foncièrement contre des constructions nouvelles
aux Vernes, quoique je pense que ce lieu est suffisamment dense en population
et qu’il serait préférable de construire dans d’autres quartiers, mais nous
voulons surtout éviter que des investisseurs s’enrichissent en achetant des
appartements dont le prix sera assez bas (c’est le but recherché en cédant
gratuitement le terrain) pour les louer ensuite. Nous souhaiterions que les
clauses soient claires sur ce sujet et que ces appartements soient réservés à
des acquéreurs habitants.
A.P. :
Le
budget, la gestion financière et les impôts locaux : on a constaté une
importante augmentation des impôts (+ 4 % du montant des impôts). Cela avait motivé un vote du groupe contre le
budget?
Michelle
Palandre :
Pour simplifier : quand la municipalité
établit le budget primitif, elle sousestime les
recettes et elle surestime les dépenses. Forcément on compense en augmentant
les impôts. On l’a déjà alerté sur ce sujet quand on étudié le compte
administratif. Mais chaque année, elle remet le couvert.
Bien sûr, je te fais grâce des
chiffres qui sont énormes, que Jean-Marc a déjà très bien expliqué dans son
dossier « impôts » sur ce site, mais les Givordins
ont déjà bien apprécié les résultats de cette mauvaise gestion sur leurs
feuilles d’impôts locaux.
A.P. : D’une manière
générale, j’ai constaté moi-même que vous, les élus d’opposition, n’obtenez
jamais les documents nécessaires à une bonne décision et que même souvent, le
maire et les élus de la majorité refusent de répondre à vos questions. Qu’en
penses-tu ?
Michelle Palandre :
Quand j’ai décidé de m’investir, puis quand
j’ai été élue, j’ai eu la naïveté de penser que nous pouvions avoir des
relations constructives et la possibilité d’apporter en commission ou au
conseil, nos idées, nos appréciations et notre contribution, avec le souci de
pouvoir améliorer le bien-être des Givordins.
J’ai vite compris que le maire et ses amis
n’avaient aucune ouverture d’esprit que ce qu’ils proposaient était à prendre
ou à laisser,sans
possibilité de débats.
Nous faisons notre travail d’élus de l’opposition, sans être contre tout systématiquement mais nous souhaitons pouvoir voter sereinement et pour cela nous avons besoin de tous les éléments constituant les dossiers présentés en délibération.
En commissions, quand tu poses une question
précise, on te répond : « Nous allons faire des recherches et nous
renseigner, et nous vous apporterons toutes les précisions que vous
demandez »
Quand tu arrives au conseil, nous seulement,
tu n’as pas eu de réponse à ta question, mais on te représente la délibération
telle que, sans complexe.
Donc tu reposes ta question, et là, quand
c’est un peu trop pertinent, eh bien c’est le monde du silence, et si on daigne
te répondre, c’est un peu fouillis, un peu brouillon, donc conclusion tu n’en
sais pas plus.
Après le conseil, tu demandes au Maire par
courrier de bien vouloir donner les éléments, et là, pour la plupart des
dossiers, même indifférence.
Donc tu saisis la CADA (Commission d’Accès
aux Documents Administratifs –NDLR) qui oblige le Maire à s’exécuter, et tu
attends toujours jusqu’à ce que tu sois obligé des saisir le tribunal
administratif et là enfin, la municipalité réagit soit un faisant rédiger des
mémoires à des avocats (ce qui coûte de l’argent aux contribuables) soit en
daignant enfin te faire parvenir les pièces manquantes au dossier soit
plusieurs mois après ta première demande. Difficile d’avancer et d’être
constructif.
Par contre, le personnel
municipal est très coopératif et le directeur général de Givors développement
nous donne les documents que nous lui demandons avec beaucoup de rapidité, ce
que nous apprécions.
A.P. : De quels moyens dispose ton groupe pour s’adresser à la population, sachant qu’en face, avec nos impôts, le maire et la majorité éditent un journal municipal qui fait leur propagande tous les mois, accompagné désormais d’un feuillet qui présente unilatéralement la position de la majorité municipale sur les votes au conseil municipal, le maire refusant d’y inclure les explications de vote de l’opposition ?
Michelle Palandre :
Nos moyens de communication se limitent à un encart mensuel dans le magazine municipal « Vivre à Givors « et au journal « le défi givordin » qui est édité a peu près trois fois par an. Il faut savoir qu’il est financé uniquement par les adhérents et des aides financières apportées par des gens qui nous soutiennent.
Il est distribué par des bénévoles que nous
remercions et nous-mêmes.
Ce site, qui est le complément du journal nous permet d’apporter plus de contenu et à un rythme plus soutenu.
Concernant le feuillet qui est joint au
journal municipal, nous avons fait part de notre position (comme les deux
autres élus qui ne font partie de la majorité) à Mr Passi , qui refuse d’y
inclure les explications de nos votes. Ce magazine est comme il l’indique
municipal, donc financé par les contribuables. On peut penser qu’il n’est pas
destiné à ceux qui n’ont pas voté pour la majorité soit, je le rappelle 72% des
inscrits.
Pourquoi le distribuer dans toutes les boites
aux lettres Givordines ?
Propos recueillis par Alain
Pelosato le 3 novembre 2009.